Le Stenka dans la culture et l’art

Le combat corps à corps de l’ancienne Russie a beaucoup influencé la culture et l’art russes. Par exemple, «Le chant du tsar Ivan Vassiliévitch, du jeune opritchnik et du vaillant marchand Kalachnikov» écrit par le célèbre poète russe M.Lermontov en 1837. En défendant l’honneur de sa femme le marchand Kalachnikov a tué dans un combat corps à corps, on peut même dire dans un combat sportif, le serviteur du tsar. Il finit exécuté. Le poète connaissait bien cette tradition russe, il y assistait souvent et, parfois même, organisait les combats lui-même.

«Les combattants vaillants moscovites se rassemblaient sur les rives de la Moskova pour disputer un combat corps à corps, s’amuser à l’occasion d’une fête.»

Les meilleurs combattants qui prenaient part aux combats corps à corps et au Stenka devenaient célèbres non seulement dans leurs villages, mais bien au-delà. Les amateurs des combats dans le milieu des marchands et aristocratiques emmenaient leurs combattants dans d’autres villes pour des compétitions avec des personnalités locales.

L’écrivain Maxime Gorki a décrit d’une manière très précise la technique du combat corps à corps russe de la fin du 19ème siècle :

«Les combattants s’observaient très attentivement en piétinaent et en tenant leurs bras droit devant et leurs bras gauche serrés contre la poitrine. Les gens expérimentés ont tout de suite remarqué que le bras de Sitanov était plus long que celui de Mordvine. Le brouhaha s’est arrêté, la neige se faisait entendre sous les pieds des combattants. Sitanov a levé son bras droit, Mordvine a levé le sien en guise de protéction et a reçu un coup droit dans l’estomac (Sitanov a utilisé son bras gauche). Mordvine a cancané un coup et a dit avec plaisir «Jeune, mais pas con». Ils ont commencé à sauter l’un sur l’autre en se portant des coups de poing lourds aux poitrines...

Mordvine était bien plus fort que Sitanov. Mais il était aussi bien plus lourd. C’est pour cela qu’il ne pouvait pas frapper aussi vite et essuyait deux ou trois coups pour un seul. Or, son corps battu ne semblait pas souffrir beaucoup. Il poussait de courts gémissements, souriait et, soudainement, d’un coup lourd dirigé vers le haut il a défoncé le bras droit de Sitanov de son épaule…»

Voici une autre description détaillée du combat corps à corps russe par A.Lebedev:

«Quand j’étais jeune j’ai personnellement été spectateur des combats corps à corps à Moscou à la fin des années 40 et dans les années 50 (19ème siècle). Des foules de plusieurs milliers s’attaquaient «stenka na stenkou». En poussant des cris, ils se jetaient les uns sur les autres en formant précisément un mur d’attaque.

Il ne s’agissait pas du tout d’une bagarre ou autre vengeance, mais d’un jeu grandiose. Les combats corps à corps existent dans de nombreux pays, mais partout il s’agit d’une compétition entre quelques individus, comme, par exemple, la boxe en Angleterre, ou comme cela était en Russie avant le règne de Pierre le Grand. Le combat tel qu’il existe en Russie, réunissant deux foules qui s’acharnent l’une contre l’autre, n’existe nulle part ailleurs et n’a jamais existé…»


UN COMBAT CORPS À CORPS D’APRÈS LES DESSINS DU POÈTE DU 19ÈME SIÈCLE M.LERMONTOV. LE COMBATTANT DE GAUCHE FAUCHE LE PIED DE SON ADVERSAIRE.

UNE PEINTURE DU 19ÈME SIÈCLE REPRÉSENTANT UN COMBAT «SAM NA SAM».

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