Le combat corps à corps russe au 20eme siecle

Au debut du 20ème siècle le combat corps à corps russe a été sensiblement influencé et a commencé à se mélanger avec d’autre arts martiaux et corps à corps: la boxe anglaise, la lutte greco-romaine, le jiu-jitsu japonais et la savate, ou boxe française. Ceci a sans doute été une période néfaste pour le combat corps à corps russe. Ainsi, à l’époque de la globalisation sont détruites bêtement et sans merci les grandes traditions de la culture nationale.

Le terme «combat corps à corps russe» est un terme moderne fondé sur une tradition qui s’appelait auparavant «koulatchnyi boi» (combat de pugilat). Il s’agit là des vestiges d’anciennes traditions païennes qui, apres l’arrivée du christianisme en Russie, sont devenues un «amusement» populaire et parallèlement un moyen authentique de préparation militaire.

Les derniers grands spécialistes du combat corps à corps russe étaient obligés de s’orienter vers des sports autorisés par les autorités soviétiques tels que le sambo (qui s’appelait à l’époque «lutte de style libre») ou la boxe. Ils pouvaient également pratiquer le combat au sein des services de l’ordre.

Par exemple, entre 1922 et 1926 le titre de champion de l’URSS de la boxe était attribué non pas à un boxeur, mais à un des derniers maîtres du combat russe corps à corps Aleksey Ankoudinov (1898-1982). C’est en qualite de «nadioja» (fiable) que A.Ankoudinov a accédé, très jeune, aux rangs des célèbres combattants du Stenka. Suite à l’interdiction des combats aux poings, il a essayé de continuer à s’entraîner, mais en tant que boxeur. Dans le monde de la boxe il était connu sous le pseudonyme «Père» non pas à cause de son âge (il est devenu champion à l’âge de 24 ans), mais à cause de sa manière patriarcale «villageoise» de mener un combat, préservant toutes les caractéristiques du combat corps à corps russe.

Dans les années 30 du siècle précédent un célèbre maître de l’école sovietique de la boxe Konstantine Gradopolov a essayé de reconstituer le patrimoine russe ancien injustement oublié en créant «la boxe groupée».

Selon les règles de la boxe groupée les rencontres réunissaient deux équipes comportant chacune 10 personnes. On n’avait droit d’attaquer l’adversaire qu’en face à face ou de manière latérale. Plusieurs combattants à la fois pouvaient n’en attaquer qu’un. Celui qui se faisait sortir du terrain (15x15m) ou qui tombait par terre devait quitter le combat, qui ne durait que 10 minutes. Du reste, les combats suivaient les règles générales de la boxe.

Bien évidemment, c’était mieux que rien, mais K.Gradopolov n’a pas réussi à mettre en pratique ses idées. Après la Deuxième guerre mondiale la boxe groupée ainsi que d’autres projets novateurs sont tombés dans les oubliettes. Mais malgré cela, au 20ème siècle l’école russe de la boxe ainsi que toutes les autres écoles d’arts martiaux de contact dans notre pays représentent un lien spirituel, voire génétique, étroit avec le combat corps à corps russe.


Aleksey Ankoudinov (1898-1982),
le dernier grand combattant du Stenka.




Konstantine Gradopolov est sur le ring à gauche. Aleksey Ankoudinov est en bas, à côté du ring (en chemise blanche). Photo de 1925.

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